RDC : Le gouvernement saisit la justice pour demander la dissolution du PPRD, accusé de complicité avec le M23 et l’AFC

Le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Jacquemain Shabani, a officiellement saisi le 24 avril dernier le Procureur général près la Cour constitutionnelle afin d’obtenir la dissolution du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation politique de l’ancien Président Joseph Kabila. Une du gouvernement congolais justifiée par de graves soupçons de collusion entre le PPRD et la rébellion armée de l’AFC/M23, active dans l’Est du pays.
Dans sa correspondance adressée au parquet, le VPM Shabani souligne une série d’éléments qu’il considère comme constitutifs de violations graves de la Constitution et de la législation encadrant les partis politiques. Il évoque notamment l’infiltration de la rébellion par des anciens cadres du PPRD, la complaisance médiatique affichée par Joseph Kabila dans une interview accordée en février dernier au journal sud-africain Sunday Times, ainsi que certaines déclarations publiques d’Aubin Minaku, figure de proue du parti, appelant à des actions dites « ouvertes » contre l’ordre établi.
Le ministre s’interroge également sur l’annonce controversée du retour de Joseph Kabila via Goma, une ville sous contrôle des rebelles, en dehors de tout cadre institutionnel. Pour Jacquemain Shabani, ces faits traduisent non seulement un soutien tacite, voire actif, à la rébellion, mais violent aussi l’obligation de réserve imposée aux anciens chefs d’État, en vertu de la loi n° 18/021 du 26 juillet 2018.
« En sa qualité de Sénateur à vie et ancien Président de la République, Joseph Kabila est tenu à un devoir de loyauté envers la Nation, et ne saurait se prêter à des actes qui sapent l’unité nationale ou légitiment une force rebelle », martèle le ministre dans sa note.
Au-delà des responsabilités individuelles, Jacquemain Shabani accuse le PPRD d’avoir manqué à son obligation de discipline interne en n’excluant pas ses membres impliqués dans la rébellion, ce qui, selon lui, démontre une tolérance inacceptable face à des actes hostiles à la République.
Il sollicite, en conséquence, la mise en œuvre des dispositions des articles 29, 30 et 31, litera b, de la Loi n° 04/002 du 15 mars 2004 sur les partis politiques, pour que le parquet engage la procédure judiciaire aboutissant à la dissolution du PPRD.
Cette démarche ministérielle s’inscrit dans un contexte marqué par la montée de la tension politique autour du rôle que l’ancien régime est soupçonné de jouer dans la crise sécuritaire actuelle. Plusieurs cadres du PPRD ont récemment été entendus par la justice militaire à Kinshasa, dans le cadre d’enquêtes liées à la sécurité nationale.
En réaction, la coordination du PPRD diaspora a dénoncé une démarche politique « arbitraire » visant à « réprimer une famille politique gênante ». Elle affirme avoir introduit un recours légal, jusqu’ici resté sans suite.
Avec cette initiative, le ministre de l’Intérieur réaffirme la volonté du gouvernement de faire respecter la Constitution et d’empêcher tout parti politique de servir de relai à des entreprises de déstabilisation nationale. La balle est désormais dans le camp de la justice constitutionnelle.
Rédaction