Guerre dans l’Est : Tshisekedi et Lourenço réaffirment leur coopération malgré la fin de la médiation angolaise

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, s’est rendu mercredi à Luanda où il a été reçu par son homologue angolais, João Lourenço. Cette rencontre survient alors que l’Angola a récemment annoncé son retrait du rôle de médiateur dans la crise opposant Kinshasa et Kigali.
« La rencontre entre Son Excellence João Manuel Gonçalves Lourenço, président de la République d’Angola et président de l’Union africaine, et Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République démocratique du Congo, vient de s’achever », a déclaré Antonio Tete, ministre angolais des Affaires étrangères, à l’issue de l’entretien.
Malgré cette décision, les deux chefs d’État ont tenu à rassurer sur la solidité des relations bilatérales et à maintenir un dialogue dans le cadre des responsabilités de l’Angola à la présidence de l’Union africaine.
Cette entrevue se tient dans un climat diplomatique complexe, marqué par la récente rencontre entre Tshisekedi et Kagame à Doha. Cet échange, organisé hors du cadre du processus angolais, avait surpris Luanda, qui s’était montré prudent face à cette initiative.
La tentative précédente de réunir Tshisekedi et Kagame à Luanda en décembre 2024 avait déjà échoué, Kigali conditionnant sa participation à un dialogue direct entre la RDC et le M23, ce que Kinshasa refusait.
Plus récemment, le 18 mars 2025, la RDC avait accepté une rencontre avec le M23 sous l’égide du processus de Luanda. Cependant, ce sont cette fois les rebelles qui avaient refusé d’y prendre part, en réaction aux sanctions européennes visant certains de leurs leaders.
Face à ces blocages répétés, Luanda a choisi de se retirer de la médiation et de recentrer ses efforts sur son agenda à la présidence de l’Union africaine.
Bien que l’Angola se désengage officiellement, la médiation ne disparaît pas. Lundi dernier, un sommet conjoint de la SADC et de l’EAC avait abouti à la fusion des processus de Nairobi et Luanda. Un panel de cinq facilitateurs a été désigné pour mener les discussions autour de trois axes majeurs :
Relancer le dialogue politique entre Kinshasa et Kigali;
Éviter une escalade militaire;
Mettre en place un mécanisme de vérification du cessez-le-feu.
Parallèlement, le Qatar continue de jouer un rôle discret mais actif dans la facilitation entre la RDC et le Rwanda, laissant entrevoir de nouvelles dynamiques diplomatiques dans la résolution du conflit.
Entre changement d’acteurs et redéfinition des stratégies, la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC demeure un défi régional nécessitant une coordination renforcée des efforts internationaux.
Jonathan Madika